Vers un renouveau éthique
Vers un renouveau
éthique
Par Caroline Boily
Dans des domaines franchement traditionnels, de jeunes entrepreneurs trouvent de nouvelles solutions éthiques. Bières et farines prennent le chemin de l’économie circulaire, des produits d’hygiène naturels rivalisent avec des géants bien établis et des diamants sont conçus en laboratoire.

Tangui Conrad
(M. Sc. en management et développement durable 2021)24 ans, cofondateur et coordonnateur général
COOP Boomerang
Mathieu Gauthier
(M. Sc. en management et développement durable 2021)
24 ans, cofondateur et responsable du développement des affaires
COOP Boomerang
Un grain, deux usages
Le projet de la coopérative Boomerang a germé dans un cours à HEC Montréal. « Nous savions qu’il était possible de revaloriser les drêches et ce cours nous a permis d’explorer différentes options », raconte Tangui Conrad. Les drêches, ce sont les résidus des céréales de malt utilisées pour brasser la bière. Les brasseries en produisent de grandes quantités et doivent s’en débarrasser. Boomerang entre alors en scène et les réutilise pour réduire l’empreinte environnementale des microbrasseurs. « Le problème, c’est que c’est un résidu humide qui fermente rapidement : nous n’avons que deux à trois jours pour le traiter », explique-t-il.
Les deux associés ont alors l’idée de produire une farine en déshydratant le résidu, ce qui le stabilise et permet de traiter de gros volumes. « Transformer les drêches en farine, c’était l’idée, mais il fallait trouver le procédé, poursuit Tangui Conrad. Nous l’avons donc élaboré à la maison, avec notre four et un moulin à café. »
Ils profitent ensuite de l’arrêt forcé par la pandémie, au printemps 2020, pour peaufiner leur plan d’affaires, avant d’investir dans la machinerie. Puis, Boomerang démarre un projet-pilote avec le pub Quartiers Belle Gueule. « Notre production étant stable, nous avons pu cogner aux portes des boulangeries pour faire connaître notre produit et l’améliorer », dit Mathieu Gauthier.
Aujourd’hui, la coopérative produit chaque mois 2,4 tonnes de farine. « Nous aimerions mutualiser l’approvisionnement en drêches avec d’autres organisations qui la revalorisent. Parce que notre objectif premier, c’est surtout de trouver des solutions qui réduisent au maximum les émissions de CO2 », explique Mathieu Gauthier.
Le déo dépoussiéré!
Juste après avoir déposé son mémoire de maîtrise, en 2018, Justine Hutteau rentre en France et apprend qu’elle a une tumeur bénigne au sein. « Je faisais beaucoup de course à pied, et ça m’a fait me questionner sur les déodorants que j’utilisais au quotidien, notamment sur les sels d’aluminium qu’ils contiennent. »
Après avoir cherché en vain sur le marché un produit qui lui convenait, elle démarre Respire avec Thomas Meheut et se lance dans la production d’un déodorant naturel, bio et efficace.
« Comme nous voulions produire notre déodorant en France, il a d’abord fallu trouver un laboratoire qui accepterait de nous faire confiance et de nous accompagner. Nous avons ensuite testé une quarantaine de formules avant de lancer notre premier déo. Soutenus au départ par une campagne de financement participatif, nous en avons vendu à ce jour environ deux millions! »
L’entreprise fabrique aujourd’hui plusieurs déodorants, mais aussi des shampoings, dentifrices et crèmes pour le visage et le corps, tous bios et naturels. Elle les vend directement sur son site Internet, mais aussi dans plus de 3 000 magasins. Tout ça, dans un marché dominé par de grandes multinationales.
« Respire se distingue par sa proximité avec sa clientèle et par sa marque, que j’incarne personnellement sur les réseaux sociaux. Et c’est à HEC Montréal que j’ai développé cette prise de parole et la confiance nécessaire pour le faire. »

Justine Hutteau
(B.A.A. 2016 et M. Sc. en marketing 2018)
27 ans, cofondatrice
Respire

Virginie Roy
(L’essentiel du MBA 2019)
37 ans, cofondatrice
Proud Diamond
Des diamants écoresponsables
Porter de vrais diamants, mais des diamants éthiques, écologiques et moins chers que les pierres extirpées des mines de façon discutable : voilà ce que Virginie Roy et son associée, Julia Van Arsdale, proposent à leur clientèle. « Les diamants, ça apporte du bonheur, mais ce n’est pas essentiel! Raison de plus pour faire un choix éthique qui correspond à nos valeurs. »
Leur entreprise, Proud Diamond, commercialise des diamants de laboratoire. « Ce sont de vrais diamants, composés uniquement de carbone. Une fois sortis du laboratoire, ils se font d’ailleurs classer par les mêmes évaluateurs que les autres diamants », précise-t-elle.
Virginie Roy parle de son entreprise avec une passion qui ne se dément pas; pourtant, c’est un peu par hasard qu’elle s’est embarquée dans cette aventure. « Un jour, mon grand-père, qui a vendu des bijoux toute sa vie, m’a parlé des diamants de laboratoire. Un déclic produit–valeurs s’est alors fait dans ma tête. »
Les idées se sont mises à foisonner. Moins de deux ans plus tard, l’entreprise vend son produit en ligne et dans des boutiques éphémères. « Cet été, nous ferons une tournée canadienne qui nous mènera à Toronto, Winnipeg, Calgary et Vancouver. Les boutiques éphémères se rendront ensuite aux États-Unis, à commencer par Seattle, où mon associée habite, puis à San Francisco et New York. »
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