Printemps 2022 - VOL. 20, N° 2

Une école de gestion
créée par et pour les
Premières Nations!

Par Stéphane Champagne

HEC Montréal et les Premières Nations viennent d’écrire une page d’histoire. Ensemble, elles ont inauguré, à l’automne 2021, l’École des dirigeants des Premières Nations. Grâce à cette première du genre en Amérique du Nord, une « Premières Nations inc. » prend forme. Retour sur la genèse d’un projet porteur.

L’École des dirigeants des ­Premières Nations (EDPN) est l’initiative de deux Autochtones diplômés de HEC Montréal : Manon Jeannotte (EMBA 2016), une consultante issue de la nation mi’gmaq, et l’avocat Ken Rock (EMBA 2013), un Innu de la Côte-Nord. Leur projet a été propulsé par l’École des dirigeants de HEC Montréal.

Une initiative unique

« C’est historique, ce qu’on vient d’accomplir. On a enfin une école qui correspond à notre réalité et qui est soutenue par une institution de renommée internationale. Ailleurs, au Canada et aux États-Unis, des cours universitaires pour les Autochtones existent, mais ce sont des cours réguliers. Ici, on a coconstruit des programmes adaptés à notre situation. C’est vraiment unique! » précise Manon Jeannotte, directrice de l’EDPN.

Après un an de travail en amont, une première cohorte constituée de chefs, de grands chefs et de présidents de conseils d’administration a débuté en décembre 2021. Dix-sept décideurs issus de six nations y ont pris part. Une deuxième cohorte a suivi en avril et une autre sera formée en septembre 2022. À terme, l’EDPN vise à offrir de nombreux programmes destinés à des élus, des administrateurs, des dirigeants, des gestionnaires et des entrepreneurs issus des Premières Nations.

Féru de développement économique des nations autochtones, Ken Rock se plaît à rappeler que les formations de l’EDPN ont été élaborées par et pour les Premières Nations dans un souci de développement économique.

« On a enfin une école qui correspond à notre réalité et qui est soutenue par une institution de renommée internationale. »
— Manon Jeannotte

Vers une « Premières Nations inc. »!

« Les cours sont donnés en binôme par un membre des Premières Nations et par un professeur de HEC Montréal, précise-t-il. Grâce à cette formation, nos leaders disposeront de meilleurs outils et de connaissances accrues pour aider leur communauté à se développer.

« Cette initiative va bien au-delà de la mise en place d’une école de dirigeants qui offre des formations universitaires qualifiantes de six mois, ajoute Ken Rock. Les cours seront donnés en ligne, dans les communautés et à Montréal. Elles vont créer de nombreux liens; les leaders partageront leurs expériences et un important réseau de contacts verra le jour. »

Serge Lafrance, professeur associé et directeur de l’École des dirigeants HEC Montréal, est l’un des instigateurs du projet. « Il y a 100 ans, HEC Montréal a été propulsée de la même façon, par la Chambre de commerce de Montréal, dans le but de développer le Québec inc. On reprend ici la même stratégie, mais cette fois, dans l’espoir d’assister à la création d’une “Premières Nations inc.”. » Il rappelle que l’EDPN sera en incubation pendant cinq ans, période au bout de laquelle on espère avoir formé 1 000 leaders autochtones. Ce projet bénéficie d’un soutien financier du gouvernement du Québec qui pourrait atteindre 10 M $, et de 500 000 $ de Hydro-Québec.

Photo de gauche : Ken Rock et Manon Jeannotte