Automne 2022 – VOL. 21, N° 1

Technocréatifs!

Par Caroline Boily

Ils ont de l’imagination à revendre et exploitent l’immense potentiel de l’intelligence artificielle pour trouver des solutions à des problèmes résolument humains. Portrait de quatre jeunes visionnaires qui jouent déjà dans la cour des grands.

Les humains d’abord!

Formulaires, politiques, conventions, règlements et procédures à suivre à la lettre… Au cours de leur carrière en ressources humaines (RH), les deux cofondateurs d’Airudi réalisent rapidement que leur métier les mène à traiter bien plus de processus que d’êtres humains. « On finit par en perdre notre ADN », soutient Amanda Arciero.

Bien que plusieurs technologies fondées sur l’intelligence artificielle (IA) font alors leur apparition en finance et en marketing, ils ne peuvent s’appuyer sur aucune en ressources humaines. Ils décident donc de développer une plateforme qui propose des solutions d’aide à la décision, notamment dans les domaines des relations de travail et de la gestion de la santé et de la sécurité au travail. « Nous visons à automatiser 80 % des tâches répétitives et chronophages des professionnels en RH afin qu’ils puissent s’investir dans la création de valeur plutôt que dans le traitement des requêtes et des processus », ajoute-t-elle. La collecte d’information, l’analyse et les recommandations sont ainsi effectuées par leur logiciel, qui repose sur l’IA.

Prenons l’exemple de la prévision des effectifs et de l’affectation des ressources dans une usine. La plateforme tient compte des requis opérationnels de l’entreprise, de ses règles, de ses conventions collectives, etc. « Notre logiciel analyse des milliers de scénarios en une fraction de seconde et formule des recommandations, explique Pape Wade. Les professionnels peuvent, par la suite, suivre cette recommandation ou encore la modifier ou la rejeter. L’algorithme apprend même des décisions des professionnels. »

Pour Airudi, le travail des spécialistes en RH peut ainsi revenir à l’essentiel en remettant l’être humain à l’avant-plan.

Amanda Arciero et Pape Wade

Amanda Arciero

(Accélérateur Banque Nationale – HEC Montréal 2019 et Next AI 2020)
Cofondatrice et vice-présidente aux opérations
Airudi

Pape Wade

(Accélérateur Banque Nationale – HEC Montréal 2019 et Next AI 2020)
Cofondateur et PDG
Airudi

Kevin Combe

Kévin Combe

(M. Sc. Stratégie 2018, Parcours Rémi-Marcoux 2020 et Accélérateur Banque Nationale – HEC Montréal 2021)
Cofondateur et chef des revenus (CRO)
Hippoc

De la neuroscience dans la pub

Comment prédire quelle publicité numérique sera la plus efficace ou la plus mémorable, dans un écosystème qui limite de plus en plus le traçage des internautes? Hippoc a trouvé une solution en utilisant des principes de neuroscience cognitive.

La jeune entreprise est née d’une rencontre entre Kévin Combe et Jean-Maxime Larousse, un chercheur en neuroscience cognitive. « Au cours de sa maîtrise, Jean-Maxime a développé une technologie qui permet d’analyser des contenus visuels et de prédire en quelques secondes leur impact cognitif. J’en ai tout de suite perçu le potentiel pour l’industrie de la publicité et du marketing! », déclare Kévin Combe.

La technologie d’Hippoc utilise des modèles d’intelligence artificielle avec des systèmes de neurones biologiquement plausibles. Elle est entraînée à reconnaître ce qui capte l’attention en se servant de bases de données de recherche en neurosciences.

Pas à pas, les deux fondateurs transforment alors cette technologie à des fins de commercialisation. À l’Accélérateur Banque Nationale – HEC Montréal, ils rencontrent un ange-investisseur qui croit à son immense potentiel. « Nous avons alors intégré Hippoc sur la plateforme Canva, utilisée par 65 millions d’usagers pour créer des contenus graphiques pour les réseaux sociaux. En deux mois, nous avons doublé notre nombre d’utilisateurs! » Grâce à Hippoc, les agences peuvent désormais évaluer différentes versions d’une publicité… et publier celle qui a le meilleur potentiel d’attirer les regards.

Prochaine étape? « Hippoc permet déjà l’analyse d’images statiques et nous travaillons actuellement à une version pour analyser des vidéos. »

Des données au service de l'efficacité énergétique

L’idée de créer Maxen a émergé lors de discussions de vestiaire. « Jonathan Boissonneault et moi jouions au football pour les Carabins. Il étudiait à Polytechnique et moi, à HEC Montréal. Nous cherchions tous deux à faire une différence pour lutter contre les changements climatiques. »

Les deux cofondateurs étaient notamment préoccupés par l’inefficacité des systèmes de chauffage et de climatisation dans les édifices commerciaux et industriels. Un secteur responsable de 11 % de la consommation énergétique au Canada. Le duo imagine donc une façon d’accroître l’efficacité énergétique des bâtiments afin de réduire leur empreinte écologique.

« Nous avons d’abord réalisé que la gestion de ces bâtiments produit des quantités astronomiques de données qui ne sont jamais exploitées. Nous avons donc travaillé avec l’industrie pour les structurer et les analyser. »

Aujourd’hui, Maxen permet de détecter et de prévenir les anomalies dans les systèmes de climatisation et de chauffage des grands bâtiments. « À titre d’exemple, il nous est arrivé de trouver des systèmes de climatisation et de chauffage qui fonctionnaient en même temps, à plein régime, pour réussir à tempérer une salle à 21 degrés. »

Sans l’analyse des données, les problèmes peuvent coûter des milliers de dollars. Grâce à cette technologie, les gestionnaires de bâtiments peuvent désormais prioriser plus intelligemment l’entretien de la machinerie et même prévenir les bris.

Samuel Nadeau Piuze

Samuel Nadeau-Piuze

(DESS en gestion 2017)
PDG et cofondateur
Maxen