Rêver. Planifier. Partir.
Rêver. Planifier. Partir.
Par Caroline Boily
Comment réussir son passage à l’étranger quand on fait carrière au Québec depuis 10 ou 20 ans? Est-ce un rêve qui devient inaccessible avec le temps? Bien sûr que non! En témoignent ces trois diplômés qui se sont établis en Europe en empruntant des voies bien distinctes.
Daniel Cimon : la liberté d’entreprendre
« Travailler à l’étranger a toujours été un rêve pour ma femme et moi. Au fil des années, nous avions reçu des propositions pour aller aux États-Unis ou en Ontario, mais ce n’est pas ce qui nous intéressait », déclare Daniel Cimon (B.A.A. 2002).
En 2016, il cofonde XPND Medical, établie à Lausanne, en Suisse. Il y investit en tant qu’actionnaire tout en demeurant à Montréal, où il continue de diriger son entreprise de gestion de projets. Deux ans plus tard, son partenaire suisse ne peut plus gérer XPND Medical à temps plein. « Ma femme et moi avons donc décidé de partir en Suisse, pour que je prenne la direction de l’entreprise. »
Daniel Cimon admet que déménager une famille, obtenir les permis de travail, comprendre le fonctionnement des systèmes de santé et d’éducation ainsi que la fiscalité de son nouveau pays n’a pas été de tout repos. « Mais mon seul regret, c’est de ne pas avoir fait le saut plus tôt! »
Après le déménagement, le premier défi à surmonter a été de se rebâtir rapidement un réseau. L’entrepreneur a quelques bons contacts en Suisse, mais rien comparé à la force de son réseau au Québec. À la recherche d’un accélérateur, il communique avec le Bureau international – Europe (BIE) de HEC Montréal, établi à Paris, qui le met en contact avec quelques personnes clés. « J’ai ensuite échangé avec plein de gens en tant que diplômé de HEC Montréal nouvellement arrivé en Suisse. C’est comme ça que j’ai vite développé mon réseau ici. On aime s’entraider, entre diplômés! »
Le conseil de Daniel : « Assurez-vous que les gens qui vous conseillent connaissent bien le pays où vous désirez vous établir, sinon, vous risquez d’obtenir de mauvaises recommandations, comme ça m’est arrivé! Tout le monde a sa perception de l’Europe, mais d’un pays à l’autre, les réalités sont tellement différentes! Pour trouver des personnes déjà sur place, utilisez le réseau des diplômés de HEC Montréal! »
Eric Prud’Homme : la portée d’une multinationale
Aujourd’hui vice-président, Relations avec les médias, réputation numérique et gestion des enjeux chez Alstom, Eric Prud’Homme (MBA 2005) arrive à Berlin en septembre 2019. Il est alors responsable mondial des communications externes et des affaires publiques pour Bombardier Transport. Sa relocalisation était loin d’être le fruit du hasard.
« Pendant mon baccalauréat, j’avais passé une année en Suède et fait ensuite une maîtrise en études européennes à Leuven, en Belgique. Mon but était alors de rester en Europe, mais la vie a fait en sorte que je suis revenu au Canada. J’ai cependant toujours eu en tête de retourner habiter et travailler en Europe. »
Se relocaliser en ayant le soutien d’une multinationale bien ancrée dans le pays de destination est un avantage indéniable, estime-t-il. C’est notamment précieux pour faire face aux rouages administratifs comme les visas et les permis de travail, ou encore pour trouver un logement où on se sentira bien.
« La clé du succès, lorsqu’on change de pays, c’est de se concentrer sur ce qu’on contrôle, ajoute-t-il. Pour mon mari et moi, c’était choisir un appartement dans un quartier qui nous permettrait d’avoir une bonne qualité de vie, même si c’était un peu plus cher que prévu. »
Le conseil d’Eric : « Dites à votre employeur que vous souhaitez partir à l’étranger, afin que ce soit intégré à votre plan de carrière. Ensuite, rappelez-le-lui régulièrement et trouvez un mentor qui travaille où vous aimeriez aller. Restez à l’affût des occasions grâce à votre réseau au Canada, mais aussi, à l’étranger. »
Christine Durand : la puissance de l’audace
Tout de suite après son B.A.A., en 2004, Christine Durand part pour l’Angleterre avec un permis de vacances-travail (PVT) et poursuit ensuite sa route vers l’Australie. Alors jeune diplômée en ressources humaines, elle réalise quelques mandats dans son domaine et revient au pays en 2008. L’envie de partir ne l’abandonne toutefois pas et dix ans plus tard, elle met le cap sur Paris.
« J’avais envie de repartir à l’étranger, mais les options pour faire le saut avec un employeur sont bien moins nombreuses en ressources humaines qu’en génie, disons. » Après réflexion, elle décide de tout vendre et de partir en solo pour tenter de se trouver un emploi à Paris avec un PVT en main. « Je me suis dit : “C’est maintenant ou jamais!” »
Quelques mois plus tard, elle devient directrice de la richesse humaine pour la société française Albéa. Comment réussir ce tour de force dans un pays reconnu pour être frileux en matière d’embauche? En se reconstruisant un réseau à la vitesse grand V!
Au début, quelques amis de Montréal la mettent en contact avec des gens en France et le BIE lui donne un coup de main. Elle utilise aussi l’application de réseautage professionnel Shapr. « Je connais bien ce réseau et c’est d’ailleurs grâce à lui que j’ai trouvé! Le patron d’une des personnes que j’y avais rencontrées cherchait un profil différent, avec une approche un peu plus nord-américaine pour un poste de DRH. Elle lui a dit : “J’ai quelqu’un pour toi!” »
Le conseil de Christine : « Osez! On a juste une vie! Parfois, le chemin est plus difficile, mais les choses se placent toujours. Il ne faut surtout pas écouter les gens qui projettent leurs peurs sur nous, parce qu’elles ne nous appartiennent pas. Et surtout, n’oubliez pas d’entretenir votre réseau! »
Illustration : Adobe Stock
Partager :
