Printemps 2023 – VOL. 21, N° 2

Plus qu’une bourse, un véritable pont

entre HEC Montréal et l’Université d’Oxford

Par Caroline Boily

Depuis 2019, un programme de bourses exceptionnel permet à la communauté de HEC Montréal de forger de solides liens avec l’Université d’Oxford. Découvrez-en toute la portée.

Premier récipiendaire de la bourse HEC Montréal–Université Oxford, Xavier Roy cumule un baccalauréat en chant classique de l’Université de Montréal et une maîtrise en management des entreprises culturelles de HEC Montréal (2015). 

Quelques années plus tard, bien que son parcours atypique l’ait mené à la direction du marketing de l’Opéra de Montréal, il aspirait à autre chose. « En vacances avec ma blonde, on se questionnait sur nos rêves respectifs, raconte Xavier Roy. Le mien était d’aller étudier à Oxford, en Angleterre. » En 2019, il pose donc sa candidature et il est accepté au programme de MBA de cette université. Mais il est vite rattrapé par la réalité… « Parents d’une petite fille et bientôt d’une deuxième, on ne voyait pas comment on allait pouvoir payer ces études. J’ai retardé le plus longtemps possible ma réponse à Oxford, souhaitant qu’un miracle se produise. Et c’est arrivé! « Un matin de février, j’apprends que je venais de décrocher la toute nouvelle bourse créée pour favoriser la collaboration entre HEC Montréal et l’Université d’Oxford. Une bourse qui allait payer la quasi-totalité de ma scolarité! »

Xavier Roy rencontre alors Jean ­Chagnon (HEC Montréal 1970 et Université d’Oxford 1973), instigateur du programme de cette bourse soutenue par un don de 1,25 million de dollars sur dix ans. Le programme vise d’abord à offrir à des diplômés et diplômées de HEC Montréal de vivre l’expérience d’Oxford, et sa réciproque. La création de projets de recherche communs a ensuite accru les liens entre les deux établissements. « Comme Jean Chagnon est diplômé des deux institutions, il connaît la valeur et la richesse de chacune, souligne Xavier Roy. Son soutien a été pour moi exceptionnel. »

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Xavier Roy

Récipiendaire de la bourse HEC Montréal–Université Oxford 2019

Des projets communs

Xavier Roy l’admet : toutes les universités du monde veulent collaborer avec Oxford. L’enjeu consistait donc non seulement à trouver la meilleure porte à laquelle frapper, mais aussi à développer les partenariats les plus gagnant-gagnant possible. Pari qui a d’ailleurs été relevé avec brio. À preuve, deux projets très prometteurs ont vu le jour au cours des dernières années.

Récemment annoncé, le projet de recherche Measuring Beyond se concentre sur une question brûlante d’actualité : quels standards internationaux utiliser pour mesurer la performance des entreprises en ce qui a trait aux facteurs ESG? Et quels sont les atouts mis de l’avant par HEC Montréal? Un fort positionnement pour la transition socioécologique et l’établissement, à Montréal, du bureau nord-américain du Conseil des normes internationales d’information sur la durabilité (ISSB en anglais), l’organisme responsable d’élaborer les normes comptables en finance durable à l’échelle mondiale.

La première porte

Le tout premier projet de recherche en partenariat, lui, date de l’époque où Xavier Roy étudiait à Oxford. « À l’Opéra de Montréal, j’avais participé, avec le Tech3Lab, à un projet visant à cartographier l’activité cérébrale d’un auditoire lors d’un spectacle, explique-t-il. Comme je pressentais un lien potentiel entre le laboratoire de recherche en expérience utilisateur de HEC Montréal et le Centre for the Creative Brain d’Oxford, j’ai joué les entremetteurs. »

Résultat : depuis 2021, le Tech3Lab collabore avec la professeure de neurophysiologie d’Oxford Charlotte Stagg, qui réalise des recherches sur la réhabilitation de fonctions motrices auprès de victimes d’un accident vasculaire cérébral (AVC).

Le programme vise d’abord à offrir à des diplômés et diplômées de HEC Montréal de vivre l’expérience d’Oxford, et sa réciproque.
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Pierre-Majorique Léger

Codirecteur du Tech3Lab et professeur titulaire à HEC Montréal

« Ensemble, nous travaillons sur l’accessibilité aux technologies de l’information chez les personnes aux prises avec un handicap moteur, explique Pierre-Majorique Léger, codirecteur du Tech3Lab, où l’on mène des recherches visant à mieux comprendre l’expérience des utilisateurs et à améliorer la conception des interfaces numériques. Par ce partenariat, nous tentons de définir de nouvelles méthodes d’évaluation d’interface centrées sur l’accessibilité des technologies. »

S’échelonnant sur quelques années, le partenariat entre Oxford et le Tech3Lab implique plusieurs doctorants et doctorantes de HEC Montréal, dont Félix Giroux, Sara-Maude Poirier et Yasmine Maurice. L’été prochain, une doctorante d’Oxford viendra à Montréal pour y participer.

« Jusqu’à présent, ce projet connaît un franc succès et nous visons à publier nos résultats dans les revues scientifiques les plus réputées de nos domaines respectifs, souligne Pierre-Majorique Léger. Quelle chance nous avons d’être soutenus par un philanthrope comme Jean Chagnon, qui permet aux nouvelles générations de profiter d’un milieu comme Oxford tout en créant une mobilité scientifique entre nos deux institutions! »

Reproduire le succès

Parmi les autres récipiendaires de cette bourse, Dârini Vedarattiname (B.A.A. 2010), qui a complété un MBA à la très réputée Saïd Business School de l’Université d’Oxford l’an dernier. « Pendant mon parcours à HEC Montréal, je me suis beaucoup impliquée dans les associations étudiantes. J’ai alors été séduite par l’idée d’établir des ponts internationaux tout en ayant un impact social », explique-t-elle. Or, il se trouve que l’impact social est au cœur du programme du MBA d’Oxford, ce qui correspondait parfaitement à mes aspirations. »

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Dârini Vedarattiname

Récipiendaire de la bourse HEC Montréal–Université Oxford 2022

Dârini Vedarattiname raconte avec enthousiasme la richesse de l’aventure humaine qu’elle a vécue à Oxford. « J’en suis ressortie tellement énergisée! Aujourd’hui, je peux occuper des postes cohérents avec mon parcours professionnel, comme le mandat que j’ai décroché aux Nations Unies juste après mon MBA. Sans cette bourse, cela n’aurait jamais été possible! »

Devenu depuis directeur général du Festival de Lanaudière, Xavier Roy abonde dans le même sens. « En créant cette bourse il y a quatre ans, Jean Chagnon aspirait à tisser des liens de plus en plus étroits entre ses deux alma mater. Aujourd’hui, nous sommes déjà une dizaine d’étudiants à avoir bénéficié de sa générosité et à vouloir magnifier cette vision. Et ce n’est qu’un début! » 

Illustration : Adobe Stock