Influenceuse avant l’heure
Madeleine Chenette
Influenceuse avant l'heure
Par Liette D'Amours
Avant même que les réseaux sociaux ne soient créés, Madeleine Chenette (M. Sc. Management 1992) jouait déjà un rôle d’influenceuse auprès des décideurs. Après avoir conseillé pendant plus de 30 ans les plus grandes entreprises de ce monde, cette experte en stratégie s’est vu offrir, en septembre 2019, le poste d’ambassadrice et représentante permanente du Canada au sein de l’OCDE, à Paris. Rencontre avec une diplomate qui pratique depuis longtemps l’art du consensus.
« Bien que leur portée soit différente, il y a plusieurs similitudes entre le monde de la diplomatie et celui de la consultation, dans lequel j’ai évolué la majeure partie de ma carrière, convient celle qui a dirigé le bureau d’Accenture à Montréal et qui a été associée et directrice exécutive nationale des services-conseils en stratégie chez SECOR-KPMG Canada. Encore aujourd’hui, mon travail consiste, à un niveau stratégique, à conseiller des décideurs sur les enjeux de l’heure et à susciter leur adhésion. »
Pour le mieux-être collectif
Plus spécifiquement, l’ambassadrice Chenette exerce un rôle d’influence afin de faire avancer les dossiers prioritaires du Canada auprès de ses vis-à-vis, les représentants des 37 autres pays membres. « L’OCDE est un vaste écosystème construit sur un modèle de fonctionnement très innovant : le partage de données et de meilleures pratiques au sein d’un réseau international qui compte plus de 300 comités et groupes d’experts et de travail, explique la diplomate. Une multitude de sujets y sont discutés, allant de la cybersécurité au développement économique, en passant par l’importance d’adopter des politiques visant l’équité, la diversité et l’inclusion. »
« Ensemble, nous élaborons de manière consensuelle des recommandations qui sont ensuite adoptées par les États membres pour favoriser la croissance économique mondiale et le mieux-être des citoyens », poursuit-elle. Évidemment, cet exercice requiert un certain doigté, car il y a toujours des États qui, pour différentes raisons, ne sont pas disposés à s’engager formellement ou à suivre certaines résolutions. D’où l’importance de choisir les bons mots, d’utiliser les bonnes stratégies et de s’allier aux bonnes personnes.
Des retombées concrètes
Parmi les retombées de son travail, notons l’implantation, en 2020, à Montréal, d’un des deux centres internationaux d’expertise sur l’intelligence artificielle (IA) mis sur pied pour encourager le développement et l’utilisation responsable de l’IA dans le respect des droits de la personne, des libertés fondamentales et des valeurs démocratiques. « L’établissement de cette organisation à Montréal confère une reconnaissance mondiale à notre leadership dans ce domaine, tout en valorisant notre savoir-faire et en favorisant les investissements. »
« Plusieurs signes laissent entrevoir un avenir très prometteur pour le Canada à l’échelle mondiale, soutient l’ambassadrice. D’une part, notre économie est beaucoup plus diversifiée qu’auparavant. Nous détenons une expertise très forte dans les secteurs clés. D’autre part, nos valeurs de respect, d’inclusion et nos systèmes démocratiques constituent aussi de puissants atouts, notamment pour attirer les meilleurs talents. Selon les prévisions actuelles, la crise climatique devrait engendrer quelque 140 millions de migrants. De ce nombre, plusieurs deviendront des réfugiés ou des immigrants potentiels. Notre pays est certes une terre d’accueil exceptionnelle avec son immense territoire, sa culture et ses nombreux avantages. »
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