Le futur, c’est maintenant!
Le futur,
c’est maintenant!
Par Caroline Boily
Photographe : Jean-François Lemire, Shoot Studio
Ils ont la vision et l’énergie nécessaires pour mettre les sciences et les technologies au service d’un monde meilleur. Rencontre avec trois jeunes entrepreneurs dont les projets en environnement, en oncologie et en neurosciences insufflent une bonne dose d’espoir en l’avenir.

Charles Couture-Lebrun
(M. Sc. en innovation, créativité et entrepreneuriat 2020, Parcours Rémi-Marcoux 2019 et B.A.A. 2017)
26 ans, cofondateur d’Off The Grid
S’entraîner tout en générant de l’électricité!
Et si votre séance de spinning servait non seulement à brûler des calories, mais aussi à alimenter votre gym en électricité? C’est l’idée derrière Off The Grid, cofondée par Charles Couture-Lebrun et son partenaire, Sébastien Brunelle-Jestin, un diplômé en génie électrique. « Mon père a commencé à s’entraîner à la retraite et m’a alors fait remarquer que l’énergie produite lors de ses séances était gaspillée, mentionne Charles Couture-Lebrun. Pendant deux ou trois ans, nous avons jonglé avec une idée que j’ai finalement développée lors d’un cours de maîtrise à HEC Montréal. » Aujourd’hui, son entreprise propose des vélos stationnaires écoresponsables qui convertissent l’énergie des utilisateurs en électricité. Et pas besoin de systèmes de gestion d’énergie ni de batteries de stockage!
Élégants et simples d’utilisation, ces vélos ont constitué tout un défi sur le plan de la conception. « Nous voulions éviter les batteries, qui sont néfastes pour l’environnement. L’électricité part donc du vélo vers une prise de courant, puis se rend au panneau électrique avant d’être réinjectée dans le bâtiment, en temps réel. »
Malgré la pandémie, qui a provoqué la fermeture temporaire des salles de sport, l’entreprise a récemment réussi à livrer ses premières commandes. « La production de chaque prototype – on en a eu trois – a été aussi frustrante que satisfaisante, puisque nous perfectionnions l’idée, tout en constatant ce qu’il restait à améliorer! Concevoir et développer un tel projet, en le faisant passer d’une idée à un produit que les gens peuvent désormais utiliser, c’est vraiment gratifiant et passionnant. »
Pas loin du miracle!
Imaginez un dispositif qui aide des personnes paraplégiques à marcher de nouveau en stimulant les signaux entre leur cerveau et leur moelle épinière. « Dans les deux tiers des cas de lésion de la moelle épinière, il reste des fibres nerveuses et la connexion n’est pas complètement détruite, même si elle est inefficace. Nous pouvons donc stimuler le cerveau pour accroître la force du signal et la capacité du cortex moteur à contrôler les mouvements. »
Cette révolution à venir repose sur les recherches de Marco Bonizzato et de la professeure Marina Martinez, de l’Université de Montréal. Après avoir testé et prouvé le principe en laboratoire, ils ont créé avec Julien Roy, un diplômé de HEC Montréal (B.A.A. 2015 et D.E.S.S. en comptabilité 2017), l’entreprise NeuralDrive, pour que leur découverte devienne réalité et aide concrètement des gens qui ont subi un traumatisme de la moelle épinière. « Souvent, les personnes en fauteuil roulant peuvent faire des mouvements, mais la charge du corps est trop lourde pour qu’ils parviennent à marcher. » Le dispositif de NeuralDrive utilise des capteurs intelligents pour stimuler le cerveau à des moments précis du processus de marche, provoquant ainsi un mouvement à l’instant même où la personne en a besoin pour faire un pas.
« Nous aurions pu continuer nos recherches uniquement avec du financement universitaire, mais au lieu de nous arrêter à l’étape de la démonstration en laboratoire, nous avons choisi de fonder une entreprise qui nous permettra de créer un produit concret pour aider des gens à marcher de nouveau d’ici quelques années. ».

Marco Bonizzato
(Next AI 2021)
34 ans, cofondateur et chef de la direction technologique de NeuralDrive

Étienne Laurent
(Accélérateur Banque Nationale – HEC Montréal 2021 et maîtrise en gestion de la technologie et de l’innovation, Polytechnique 2020)
28 ans, cofondateur de MISO Chip et vice-président en gestion de produits
Des puces contre le cancer
Un entrepreneur, dit-on, ne craint jamais de frapper à une porte. En 2018, c’est ce que l’étudiant à la maîtrise Étienne Laurent a fait en allant présenter une idée d’entreprise au chercheur Thomas Gervais, de Polytechnique Montréal. Le professeur lui fait plutôt une contre-offre en lui proposant de participer à la commercialisation de la technologie microfluidique développée depuis sept ans au CRCHUM. « Notre objectif : changer la donne dans la lutte contre le cancer en prédisant la réponse des patients à différents traitements. » Comment? Grâce à des laboratoires sur puce qui permettent de tester ex vivo des traitements anticancers sur des tumeurs humaines et d’en évaluer la réponse.
Au cours des prochains mois, la start-up travaillera donc avec des entreprises pharmaceutiques pour améliorer l’élaboration de nouveaux traitements. « Les modèles précliniques ne sont pas suffisamment représentatifs des tumeurs humaines et la plupart des nouveaux traitements échouent en phase clinique. » En s’insérant dans la phase préclinique, MISO Chip peut tester ex vivo des combinaisons de traitements sur des tumeurs humaines.
D’ici cinq ans, l’entreprise prévoit percer le marché de la médecine personnalisée. MISO Chip servira alors à déterminer le traitement approprié en le testant directement sur les cellules cancéreuses de patients. « Nous savons, par exemple, que 70 à 80 % des femmes atteintes d’un cancer de l’ovaire répondent à la chimiothérapie. Mais un test prédictif personnalisé permettra d’identifier celles qui n’y répondront pas et de leur proposer immédiatement une autre solution. J’admire les scientifiques et j’aspire à les aider dans leurs découvertes. J’espère que bientôt, ce sont des médecins et des patients que j’aiderai. »
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