Automne 2021 - VOL. 20, N° 1

L’éducation peut changer des vies, mais aussi des pays!

Par Julie Roy

Li Yan, Carlos Enrique Vecino Arenas et Fatima Beyina-Moussa travaillent respectivement à Singapour, en Colombie et au Congo. Leur point commun? Après avoir fait des études à HEC Montréal, ils consacrent aujourd’hui leur carrière à l’éducation avec, au cœur de leur pratique, le modèle d’enseignement et la philosophie de l’École.

Une approche inspirante

À la seule évocation de HEC Montréal, le visage de Li Yan s’illumine, et pour cause : en 2010, il devenait le deuxième Chinois à y avoir complété un doctorat en administration. « Bien que l’École, au cours de ces sept ans, m’ait confié des responsabilités parallèles comme assistant de professeurs ou encore comme traducteur, elle m’a aussi toujours incité à rester concentré sur mon objectif premier. Si j’ai réussi, c’est grâce à toutes les ressources qu’on a mises à ma disposition », affirme-t-il, reconnaissant. Aujourd’hui, il occupe plusieurs fonctions, dont la direction du MBA bilingue de l’école de commerce de l’Université technologique de Nanyang (NTU), à Singapour.

Li Yan, directeur du MBA bilingue de l’école de commerce de NTU à Singapour
Li Yan (Ph. D. 2010), directeur du MBA bilingue de l’école de commerce de NTU, à Singapour.

Lorsqu’il se retrouve devant une classe, Li Yan a toujours en tête la méthode d’enseignement prodiguée à HEC Montréal. « Je reproduis avec mes étudiants ce que j’ai appris au Québec. Mes classes sont ouvertes et je mise beaucoup sur l’échange d’idées, précise-t-il. Même mes évaluations ont une touche “HEC Montréal”. » De plus, tout le travail de collaboration qu’effectue l’École avec les entreprises l’inspire aussi grandement. Au quotidien, il s’affaire à mettre en place cette approche. « À titre d’exemple, la Chine est un marché énorme, mais elle demeure conservatrice en affaires, explique-t-il. C’est pourquoi il importe que nos travaux de recherche se fassent de plus en plus en partenariat avec les entreprises, et pas uniquement avec l’État. »

Son seul regret : n’avoir pu rester au Québec, faute d’y avoir décroché un emploi comme professeur. Au point où si HEC Montréal lui offrait aujourd’hui un poste, il considérerait sérieusement la question.

Carlos Enrique Vecino Arenas, directeur des relations extérieures et professeur titulaire à l'Université industrielle de Santander, en Colombie
Carlos Enrique Vecino Arenas (Ph. D. 2006), directeur des relations extérieures et professeur titulaire à l’Université industrielle de Santander, en Colombie.

Une vision plus internationale

Carlos Enrique Vecino Arenas (Ph. D. 2006) a eu son premier contact avec HEC Montréal en 1999, en tant que professeur invité au Centre d’études en administration internationale. Une expérience qui a non seulement changé son approche de l’enseignement, mais aussi sa vie. « J’ai tellement aimé la mentalité et l’expérience que je me suis inscrit au doctorat en administration, raconte-t-il. Mon but était d’approfondir le côté humain des affaires. » Ainsi, pendant quelques années, il enchaîne les allers-retours entre Montréal et la Colombie, entre ses études et les nouvelles charges d’enseignement qu’on lui offrira par la suite.

Bien que 14 ans se soient écoulés depuis son retour en Colombie, ces cinq années passées dans la métropole québécoise influencent toujours autant son travail. Il est aujourd’hui directeur des relations extérieures et professeur titulaire à l’Université industrielle de Santander. « Lorsque j’enseigne, je suis imprégné de la vision axée sur la mondialisation que l’on m’a transmise à HEC Montréal, déclare-t-il. Ainsi, mon enseignement ne se limite pas à la Colombie : il englobe aussi l’Europe et l’Amérique du Nord. J’intègre d’ailleurs beaucoup d’études de cas et de simulations internationales dans mes cours. »

Perçu par ses étudiants comme « le professeur au style international », il estime important de les amener à une plus grande ouverture et surtout, de leur démontrer que le monde des affaires ne se limite pas aux chiffres, mais qu’il s’agit aussi, et avant tout, d’une histoire humaine.

Donner au suivant

Le parcours de Fatima Beyina-Moussa est tout aussi impressionnant. Cette ancienne cadre du Programme des Nations Unies pour le développement, employée d’EY et de la Banque des États de l’Afrique centrale, agit désormais comme présidente de la Fondation africaine pour l’éducation (FAE) au Congo. Elle affirme par ailleurs qu’elle doit sa carrière à l’éducation et à ses nombreux diplômes, dont un B.A.A. de HEC Montréal obtenu en 1994.

Fatima Beyina-Moussa, présidente de la Fondation africaine pour l'éducation au Congo
Fatima Beyina-Moussa (B.A.A. 1994), présidente de la Fondation africaine pour l’éducation (FAE) au Congo.
«  Maintenant, c’est à mon tour de redonner au suivant et de permettre à des jeunes d’accéder à l’éducation.  »
– Fatima Beyina-Moussa

À son retour dans son pays natal, le Congo, Fatima Beyina-­Moussa avait pour ambition de donner une éducation tout aussi reconnue à ses enfants. Faute d’avoir une école qui offrait un programme anglophone inspiré des écoles américaines, elle a mis sur pied l’American International School of Brazzaville (AISB).

Cette première initiative a été suivie de nombreux projets chapeautés par la FAE. « Nous avons commencé modestement il y a dix ans et depuis, ça n’arrête plus, rapporte-t-elle. Nous avons créé plusieurs partenariats avec HEC Montréal, dont le programme D.E.S.S. en gestion du secteur de l’énergie. À ce jour, deux cohortes ont permis de former une cinquantaine de cadres. Nous offrons aussi le programme Les bases d’un MBA, qui se donne en virtuel et s’échelonne sur 17 semaines », explique Fatima Beyina-Moussa. Depuis cet automne, la FAE propose également un nouveau programme d’une durée de quatre ans en partenariat avec l’École. Les étudiants suivront l’année préparatoire du programme de baccalauréat en administration des affaires (B.A.A.) sur le campus de l’AISB avant de poursuivre leurs études à Montréal. « Nous avons l’ambition de devenir un des partenaires stratégiques de HEC Montréal en Afrique centrale. Pour être concurrentiels, nous devons offrir le même niveau d’éducation que nous retrouvons à l’international. »

Très fière d’être l’une des rares personnes diplômées de HEC Montréal établies au Congo, Fatima Beyina-Moussa est convaincue que l’éducation a le pouvoir de changer la vie des individus, mais aussi les pays. C’est la raison pour laquelle elle s’est donné pour mission de continuer à jeter des ponts entre Brazzaville et Montréal. « Maintenant, c’est à mon tour de redonner au suivant et de permettre à des jeunes d’accéder à l’éducation par l’intermédiaire de la FAE. C’est mon combat, ma cause, ma passion. »

Illustrations : Adobe Stock