10 questions que vous n’avez jamais osé poser à…
10 questions que vous n’avez jamais osé poser à…
Johanne Brunet
Professeure titulaire à HEC Montréal
Par Liette D'Amours
Photographe : Jean-François Lemire, Shoot Studio
Bien avant que ça ne soit tendance, la professeure de marketing Johanne Brunet s’intéressait à l’innovation et à la créativité. C’est d’ailleurs ce qui l’a incitée à faire un doctorat sur le sujet alors qu’elle évoluait dans le monde des médias. Depuis 2005, elle enseigne à HEC Montréal, tout en conservant un pied bien ancré dans le milieu des affaires.
Minibio
- Née à Montréal
- La plus jeune de trois filles
- Mariée
- Formation :
- MBA, HEC Montréal (1988)
- Ph. D. Industrial and Business Studies, University of Warwick, Royaume-Uni (2000)
- Champs d’intérêts : marketing international, gouvernance, innovation et créativité, marketing des industries culturelles.
- Présidence de conseil d’administration : Société des alcools du Québec depuis 2015, Société d’habitation et de développement de Montréal depuis 2015 et Société québécoise du cannabis depuis 2018.
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Un parcours plutôt atypique, pour une professeure d’université?
« En effet, je n’ai pas amorcé un doctorat dans l’optique de faire une carrière universitaire, mais plutôt pour satisfaire des intérêts intellectuels et acquérir de nouvelles connaissances. Après des études en comptabilité en Colombie-Britannique, j’ai été recrutée par Radio-Canada, qui ouvrait alors une station de télé en français à Vancouver et recherchait un comptable bilingue. J’ai gravi ensuite les échelons dans le milieu des médias pour occuper des postes de direction à Radio-Canada et à TV5 Monde. En parallèle, j’ai complété un MBA à HEC Montréal. Cette expérience a été si enrichissante que j’ai décidé d’entreprendre un doctorat en innovation et créativité au Royaume-Uni. »
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Comment voyez-vous votre rôle comme présidente de C. A.?
« Un rôle de gouvernance pour m’assurer que les organisations que je préside gardent bien le cap. Ne jamais me mêler des opérations, car ce n’est vraiment pas le rôle d’un président de C. A. En revanche, il doit bien comprendre la mission. Ainsi, pour moi, la véritable mission de la SAQ, c’est le levier économique que cette société d’État représente pour le Québec, avec ses 2 G$ de redevances annuelles qui permettent au gouvernement de remplir à son tour sa mission. Même constat avec la SQDC, qui crée de la richesse pour le Québec tout en protégeant la santé publique, alors que ce marché était illicite auparavant. »
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Que serions-nous surpris d’apprendre à votre sujet?
« Que j’ai sympathisé avec la culture hippie. J’ai d’ailleurs longtemps été très discrète sur cet aspect de ma vie, car ça ne faisait pas trop professeure d’université. (Rires.) À 19 ans, après le cégep, j’ai voyagé pendant deux ans à travers le monde, dont un an en Inde. Ces deux années sur le pouce m’ont transformée. Moins je dépensais, plus j’étais heureuse, car cela signifiait que je pouvais rester une journée de plus. C’étaient les années 1970 : on débarquait en Inde, on se cherchait tous un ashram et un gourou. Les jeunes avaient le goût de vivre des aventures et de refaire le monde. »
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Comment passe-t-on de hippie à comptable?
« Quand je suis revenue à Montréal, la crise d’Octobre venait d’éclater et l’indépendantisme montait en flèche. Après un an d’ashrams, je me sentais assez loin de cette réalité! Je suis donc allée m’établir à Vancouver, où j’ai cumulé de petits boulots mal rémunérés. Pour mieux gagner ma vie, j’ai amorcé des études en comptabilité. Bien que cette formation m’ait été utile toute ma vie et encore aujourd’hui, dans les C. A. que je préside, j’ai vite réalisé que je ne voulais pas exercer cette profession. Elle m’a plutôt servi de tremplin pour accéder à autre chose. Parfois, on a l’impression d’être dispersé dans la vie, et un jour, tout prend son sens. »
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Combien de points compte votre carte Inspire et quel est votre profil de goût à la SAQ?
« Pour être honnête, je n’ai aucune idée du nombre de points accumulés! Quant à mon profil de goût, il est très simple : j’ai une nette préférence pour les vins italiens, tant le blanc que le rouge. Mes blancs favoris sont ceux de la Vénétie, des vins un peu minéraux avec des pointes d’agrumes, et pour les rouges, ce sont les brunellos de la Toscane. Côté spiritueux, je n’avais jamais vraiment développé un palais pour ce type de boissons, jusqu’à ce que le Québec propose tous ces nouveaux produits qui font évoluer mes goûts. »
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Qu’est-ce qui vous fait vibrer?
« Plusieurs choses. Sur le plan intellectuel, tout nouveau projet me passionne. J’aime initier, contribuer à une création, explorer le potentiel… Je suis aussi très sportive. La course à pied m’emballe : je la pratique depuis 25-30 ans. Cette année, j’ai fait à un demi-marathon au printemps à New York et un autre, récemment, à Londres. Pour aller courir, je choisis des endroits que j’aime. En mai et juin derniers, j’étais à Dubaï avec un groupe d’étudiants. Tous les matins, je partais courir vers 5 h 30, avant qu’il fasse trop chaud. Je pratique aussi le golf et le ski, mais ma véritable passion, c’est la course à pied. »
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Quel genre de consommatrice êtes-vous?
« Étonnamment, pour une prof de marketing, je prends peu de plaisir à consommer. Côté vêtements, je préfère acheter des marques de qualité et les porter pendant des années. À la blague, je lance d’ailleurs souvent à mon mari : “Depuis combien de temps ai-je ce morceau-là, 20 ou 30 ans?” Porter un uniforme me conviendrait très bien. (Rires.) Je ne magasine que lorsque j’y suis vraiment obligée et je choisis alors des produits qui vont durer. Les rares fois où je vais en boutique, c’est pour évaluer l’expérience en prévision de mes cours. J’achète de plus en plus en ligne. »
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Aucun plaisir coupable ne vous incite à la dépense?
« Bien sûr : la nourriture santé! Je peux faire plusieurs kilomètres pour aller chercher un produit particulier : légumes bios, produits fins, fromages et autres produits locaux… J’adore manger selon les arrivages et je prends beaucoup de plaisir à fréquenter les marchés. Je suis aussi abonnée aux Fermes Lufa, non seulement pour la fraîcheur et la qualité de leurs végétaux, mais aussi parce qu’ils nous font découvrir plein de petits producteurs locaux. Je suis très préoccupée par l’origine des produits. Mon mari est d’ailleurs bien avisé de ne pas revenir à la maison avec des produits qui ne répondent pas à ces critères. (Rires.) »
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Si vous pouviez partager un repas avec une personnalité, qui choisiriez-vous?
« Le dalaï-lama, car cette rencontre serait sûrement riche de sens et d’une grande profondeur. J’aimerais l’entendre sur sa vie en exil : comment réussit-il à garder sa paix intérieure? Qu’adviendra-t-il à son décès? Comment se sent-il face à cette éventualité? J’imagine qu’il doit être très serein face à la mort. J’ai été confrontée à la mort à plusieurs reprises, car j’ai perdu mes parents et mes sœurs, et je crois sincèrement que pour réussir son départ, il faut avoir réussi sa vie. Je ne dis pas ça de façon déprimante mais très positive, car pour moi, la mort fait partie de la vie, et elle se prépare. »
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Si vous aviez une baguette magique?
« C’est sûr que je mettrais un terme aux guerres, à la pauvreté et à la maladie, mais la chose qui me tient le plus à cœur, c’est l’harmonie et l’appréciation entre nous tous. Le fait que nous soyons tous différents est une grande richesse. Selon moi, l’harmonie passe par un partage plus équitable du pouvoir. Pensons à des structures à prédominance masculine comme l’armée, les associations sportives ou encore les autorités religieuses. À mon avis, ces milieux seraient beaucoup plus sains et mieux équilibrés s’ils comptaient davantage de femmes à leur tête, car nous donnons une couleur différente aux choses sur le plan humain. »
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