Émile Barrière : photographe de guerre
Émile Barrière
Photographe de guerre
Par Julie Roy
Diplômé de HEC Montréal en 1914, Émile Barrière, né à Richelieu en 1894, a été aux premières loges pour assister aux plus grands événements du XXe siècle. Armé de son appareil photo, il a contribué à rendre bien réelle l’expression « une image vaut mille mots ».
Après l’obtention de sa licence en sciences commerciales et maritimes, ce diplômé de la deuxième cohorte de HEC Montréal se rend à Paris à l’invitation du premier directeur de l’École, Auguste-Joseph de Bray, pour saisir une occasion de stage en comptabilité chez un négociant en drap.
Féru de photographie depuis l’enfance, il décide de quitter le monde des affaires pour se consacrer à sa passion. Ses connaissances dans le domaine lui permettent de se faire embaucher en 1916 au bureau new-yorkais de l’agence Parisienne Roll. Son rôle consistera à expédier des photographies de guerre aux journaux américains.
La photo qui allait tout changer!
Le 27 juin 1917, il capte une photo qui changera à jamais le cours de sa carrière : contournant la censure française, il documente le débarquement du premier contingent américain en France, constitué de 40 000 soldats. Ses photos exclusives parviennent aux États-Unis une semaine avant celles des autres photographes et font fureur.

Ce coup de maître lui ouvre des portes. William Randolph Hearst, magnat de la presse américaine et propriétaire du New York Times, lui offre un contrat et le fait accréditer comme photojournaliste de guerre. Même s’il n’est pas soldat, il porte l’uniforme, ce qui facilite son travail.

Traité de Versailles et scènes d’après-guerre
Après l’Armistice, Émile Barrière suit des personnalités politiques comme le président américain Thomas Woodrow Wilson et les premiers ministres de la République française et du Royaume-Uni, Georges Clemenceau et David Lloyd George. À l’été 1919, il est l’un des rares photographes admis à la signature du traité de paix de Versailles. Par la suite, il fait partie des journalistes qui accompagnent le président Wilson dans ses visites en Angleterre, puis dans les régions dévastées de la Belgique et de la France. Il reste assez longtemps à Berlin pour y perfectionner son allemand, qu’il avait appris à HEC Montréal.

Signature du traité de Versailles, le 28 juin 1919.
En 1922, il supervise l’installation d’un laboratoire photographique à bord du paquebot de croisière transatlantique Empress of Scotland. Quelques années plus tard, de retour au New York Times, il devient envoyé spécial en Europe et en Afrique du Nord. En janvier 1927, on lui confie l’ouverture du bureau de Berlin. En juin 1940, alors de retour à Paris depuis deux ans, il doit quitter précipitamment la ville à l’arrivée des Allemands, laissant tout derrière lui. En 1943, il revient en Europe pour préparer de Londres la réouverture du bureau du New York Times à Paris.

Une exposition permanente en sa mémoire
Émile Barrière prend sa retraite en 1950 et continue à faire le tour du monde jusqu’à son décès, en 1989. En son honneur, la Ville de Richelieu expose aujourd’hui au parc de la Pointe-aux-écrevisses quatre panneaux relatant ses faits d’armes.
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