Automne 2023 – VOL. 22, N° 1

De Rabat à Montréal en quatuor!

Par Caroline Boily

Loin de leur Maroc natal, quatre cousins et cousines – Leïla, Mya, Malik et Jad – choisissent HEC Montréal pour poursuivre leurs études universitaires. Quatre membres d’une famille tissée serré qui adoptent une école, une ville, puis un pays et qui… préservent ainsi leurs liens familiaux.

Par un bel avant-midi d’été, quatre membres de la famille Tazi entrent au café Velours pour y rencontrer HEC Mag. Mya et son frère Jad sont accompagnés de leur cousine Leïla et de leur plus jeune sœur en vacances à Montréal. Le frère de Leïla, Malik, qui vient de terminer une maîtrise en relations internationales à Paris et qui y vit toujours, se joindra en ligne à la réunion.

Une fois les thés commandés, Leïla raconte comment elle a choisi la ville et HEC Montréal. Première du groupe à s’établir dans la métropole québécoise en 2009, elle hésitait à poursuivre ses études en France après le lycée. « Dans l’intervalle, je suis venue en visite à Montréal et j’ai eu un véritable coup de cœur pour la ville, précise-t-elle. Je m’y sentais à l’aise, sa taille était humaine pour une grande cité et c’était facile d’y trouver ses repères. »

Après avoir fréquenté un lycée du système français, la trajectoire typique aurait pourtant été de poursuivre ses études dans l’Hexagone. « Toutefois, pour entrer dans une grande école de commerce en France, il faut passer par deux années de classes préparatoires, et cela ne garantit pas d’y être admise », précise Leïla. En plus de son attirance pour Montréal, le fait que l’année préparatoire à HEC Montréal soit intégrée au baccalauréat la rassure donc. « Mais plus que tout, j’avais envie de découvrir le monde. J’ai donc choisi le parcours trilingue du B.A.A. pour apprendre l’espagnol et profiter du programme d’échange international. » Un choix qui l’a ensuite menée à suivre le programme de maîtrise Computer Science & Business Technology de l’IE University à Madrid, avant de revenir à Montréal.

« Malgré tous ces avantages, il n’a pas été évident de convaincre mes parents. Ça a été beaucoup plus simple pour Mya, Jad et Malik », concède celle qui a tracé la voie.

En 2014, c’est au tour de Mya de choisir HEC Montréal. « À 15 ans, j’avais passé les vacances de Noël avec Leïla à Montréal. J’avais rencontré ses amis, j’avais vu comment elle vivait et dès lors, j’ai su que je voulais y poursuivre mes études universitaires, raconte-t-elle. Ensuite, ça a été facile, mes parents étaient rassurés par le fait que Leïla soit déjà établie. Ça fait vraiment une différence d’avoir quelqu’un qui sait déjà comment le pays fonctionne et sur qui on peut compter. »

« Comme je suis arrivée en premier, je sentais une certaine responsabilité à les aider à s’intégrer : préparer leur arrivée, trouver un appartement… » admet Leïla.

En 2017, Jad et Malik arrivent en tandem à Montréal. Ils ne seront toutefois pas les seuls de leur cohorte à opter pour HEC Montréal. « Un ancien de HEC Montréal, lui aussi diplômé de notre lycée à Rabat, était venu dans nos classes pour nous parler du B.A.A. de l’École. Il a été tellement convaincant que nous avons été plusieurs à choisir d’y faire nos études », se rappelle Jad en riant.

Le groupe souligne que s’installer à l’étranger au cours de ses études facilite grandement l’intégration à un pays par la suite, avec ou sans la famille.

Un cocon familial

Jad et Malik font ainsi l’année préparatoire ensemble, puis choisissent des spécialisations différentes au cours du B.A.A. S’ils passent moins de temps ensemble à l’École, la vie de famille continue d’occuper une grande place. Les garçons partagent un appartement et le quatuor se réunit les fins de semaine.

« Nous étions déjà proches avant d’arriver à Montréal et nous avons continué à reproduire nos habitudes familiales, souligne Malik. J’ai trouvé les hivers difficiles et, en plus, c’est une saison où la vie sociale a tendance à ralentir. J’étais donc très content d’avoir ma famille à proximité pour pouvoir passer du temps ensemble, partager un bon dîner ou encore aller au cinéma. » Mya renchérit : « Nous avons recréé un cocon familial qui ressemble à celui que nous avions au Maroc. Tous les samedis, nous allions manger chez notre grand-mère à Rabat, et nous avons poursuivi la tradition ici. D’ailleurs, chaque fois que l’un d’entre nous parle à notre grand-mère, elle nous demande systématiquement si nous nous voyons toujours! Ça la rassure que nous préservions ces liens. »

Rester à Montréal

Des quatre, trois vivent toujours à Montréal. Leïla, qui vient de recevoir sa citoyenneté canadienne, travaille pour la firme-conseil Slalom. Diplômé en 2021, Jad évolue depuis en sécurité de l’information chez Desjardins. Il a récemment déposé sa demande de résidence permanente et habite aujourd’hui avec sa sœur Mya, qui, après avoir travaillé dans le secteur bancaire, est retournée à HEC Montréal pour entreprendre une maîtrise en économie financière appliquée. Aspirant à s’établir au pays, elle a récemment déposé une demande de citoyenneté canadienne.

Le groupe souligne que s’installer à l’étranger au cours de ses études facilite grandement l’intégration à un pays par la suite, avec ou sans la famille. « Nous avons a eu le temps de nous faire des amis, de savoir si le milieu correspondait ou non à nos aspirations, mentionne Leïla. Certaines personnes rencontrées au cours de mon année préparatoire sont mêmes devenues une deuxième famille. »

Les trois jeunes s’entendent aussi sur les bonnes perspectives d’emploi que leur offre la ville. « En matière de travail, Montréal est un véritable vivier. Je ne peux donc qu’être d’accord avec Mya et Leïla à ce chapitre : les possibilités y sont nombreuses », conclut Jad.

Photo de gauche : Les cousins Tazi devant l’œuvre d’art de Ludovic Boney dans le tout nouvel édifice Hélène-Desmarais : Malik (debout), puis dans l’ordre habituel, Mya, Jad et Leïla.