De l’espoir en santé!
De l’espoir en santé!
Par Caroline Boily
Transformer un système de santé peut prendre beaucoup de temps. Nous en avons la preuve chaque semaine. Mais le Québec regorge aussi d’innovations et d’initiatives qui améliorent l’accès aux soins et aux ressources médicales. En voici trois qui donnent de l’espoir!
Télémédecine humaine
Trois ans avant la pandémie, la pneumologue Nathalie Saad met sur pied un projet de télémédecine à l’Hôpital Mont-Sinaï, à Montréal. « Lorsque les CIUSSS ont été créés, en 2017, on nous demandait de réserver nos services aux résidents de notre territoire. Cependant, en réadaptation pulmonaire, nous sommes un centre de référence pour une forte population qui vit à l’extérieur de Montréal. » Le projet de télémédecine visait donc à lui rendre ces services plus accessibles.
Rappelons qu’il y a six ans, les applications de communication virtuelle ne faisaient pas partie du paysage et la télémédecine était un concept un peu flou pour la plupart des gens. « Notre but était d’amener le système de santé au 21e siècle sans déshumaniser la médecine. » Le projet, qui a démarré en partenariat avec le CISSS de Lanaudière et l’Hôpital de Verdun, compte aujourd’hui 14 centres de santé au Québec.
Concrètement, le Centre offre des séances virtuelles de huit semaines en réadaptation pulmonaire, pour aider les gens à gérer leur maladie pulmonaire obstructive chronique comme la bronchite chronique et l’emphysème. Avant ce projet, ces séances avaient lieu à Montréal. « Grâce à notre approche collaborative, les gens peuvent désormais recevoir une partie des soins dans leur centre de services régional. Équipées d’instruments connectés, comme des téléstétoscopes, les équipes locales peuvent m’envoyer les données et je peux les interpréter en direct. »
Prochaine étape : la télésurveillance à domicile « Mais, pour ce faire, nous avons besoin de bons équipements fiables, et cette solution ne pourra convenir à tous, car certaines personnes devront toujours être supervisées pendant les exercices. »

Nathalie Saad
(EMBA 2014)
43 ans, pneumologue et directrice du programme de réadaptation pulmonaire
Hôpital Mont-Sinaï

Azadeh Dastmalchi
(Creative Destruction Lab-Montréal 2019 et Next AI 2020)
38 ans, PDG et cofondatrice
VitalTracer
Des signes vitaux en temps réel
L’idée derrière VitalTracer émerge il y a une douzaine d’années. Le père d’Azadeh Dastmalchi doit alors prendre sa pression artérielle régulièrement, mais n’aime pas utiliser son appareil de mesure muni d’un brassard. « Il n’est pas le seul. De nombreuses personnes ressentent du stress lorsqu’elles utilisent ces dispositifs qui serrent le bras, ce qui augmente leur pression artérielle. »
Alors inscrite à la maîtrise en ingénierie biomédicale, la scientifique réfléchit donc à une autre option. « J’ai mis trois ans à développer un concept qui utilise un capteur optique jumelé à l’apprentissage automatique », concept qu’elle peaufine au doctorat en même temps qu’elle lance son entreprise pour commercialiser l’objet de ses recherches.
Aujourd’hui, VitalTracer finalise l’élaboration de deux types d’appareils portatifs médicaux – une montre et un dispositif qu’on colle sur la poitrine du patient – qui mesurent cinq signes vitaux en temps réel : la pression artérielle, le niveau d’oxygène dans le sang, le rythme cardiaque, le rythme respiratoire et la température de la peau. « On arrive à repérer des anomalies difficiles à détecter, comme la baisse de l’oxygène dans le sang ou encore la hausse graduelle de la pression artérielle. » Ces appareils ont été conçus pour s’adapter aux personnes vulnérables, notamment en pédiatrie et en gériatrie.
Après être passé par différents incubateurs et accélérateurs, son projet a été sélectionné pour l’édition 2022-2023 du programme Innovateurs(trices) en résidence, destiné à soutenir l’innovation et l’entrepreneuriat en santé.
Moteur de recherche en santé
Clinia est inconnue du grand public et pourtant, il y a fort à parier que beaucoup de gens profitent de sa technologie sans le savoir. L’entreprise a créé une infrastructure de navigation en santé au cœur de laquelle se trouve un moteur de recherche spécialisé propulsé par intelligence artificielle (IA). Sa technologie est utilisée par des organisations comme Dialogue, Telus Santé, Tel-jeunes et le CHUM.
« À différentes étapes dans leur parcours de soins, les gens ont besoin de trouver les bonnes ressources en fonction de leur état de santé, que ce soit lire un article validé sur l’anxiété ou consulter le bon physiothérapeute. »
Bien sûr, le monde regorge d’excellents moteurs de recherche, mais aucun n’est spécialisé en santé, un domaine extrêmement complexe. Pour le sien, Clinia utilise l’IA, qui tient notamment compte de règles propres au milieu de la santé, de la proximité des termes médicaux et de la description des symptômes.
Au Canada, Clinia a aussi dû créer une base de données complète des ressources en santé, parce qu’aucune n’était exhaustive ou mise à jour de façon convenable. « Toutes les provinces ont ce problème et le fait que les spécialisations des professionnels soient de plus en plus pointues complique les choses. Nous aimerions d’ailleurs aider les gouvernements en donnant un accès à l’ensemble des informations sur les ressources de façon neutre et transparente. Éventuellement, il y aura un appel d’offres et nous avons bon espoir que notre approche permettra d’optimiser de façon importante le système en place. »
Ailleurs dans le monde, Clinia offre son infrastructure, mais sans base de données. L’entreprise est aujourd’hui en discussion avec des organisations aux États-Unis, en Europe et en Australie.

Simon Bédard
(B.A.A. 2011, Parcours Rémi-Marcoux 2017)
33 ans, PDG et cofondateur
Clinia
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